Les revues

Les revues, c'est important. Non pas comme préambule au livre, et pas non plus comme arrière-cuisine ; en soi. En voilà deux qui méritent la lecture (mais il y en a d'autres) :

Le Corps du texte

… se présente sous la forme d'une affiche recto/verso (le recto s'affiche, le verso se déplie).

Le propos de cette revue est d'insérer les textes dans un graphisme original (signé Sandrine Martin et Chimène Henriquez) qui fait côtoyer image et écrit. Une revue-affiche permet en effet de mettre les textes en regard les uns avec les autres, et, tout en assumant leur diversité, de leur conférer une unité graphique.

Elle a pour objectif de proposer une autre expérience de la lecture. Pliable et dépliable à la manière d'un plan, lisible à même les murs, elle oblige à voir les textes autant qu'à les lire.
La diversité des œuvres (des nouvelles «traditionnelles», des expérimentations, des écritures à contraintes...) permet de lire un écrit pour lui-même, ou de le lire sous l'éclairage d'un autre ; par leur simple présence, les œuvres se donnent entre elles un autre sens.

Libération en a parlé en abondance dans un article signé Édouard Launet le 18 février 2006. Ça fait plaisir à lire. Pour voir comment ça marche une revue-affiche :

Numéro T0hu-B0hu
le coup d'envoi de la revue-affiche, en octobre 2003. En couleurs, s'il vous plaît (dominante bleue), avec un dépliage du format livre au format affiche, des signatures-zigouigoui (le but étant de retrouver à qui appartient chaque zigouigoui), des textes et des images plein la vue. On va pas se gêner.

Numéro Stat1on
sur papier recyclé Cyclus (c'était avant qu'on apprenne que le papier recyclé était assez polluant à produre…), un ton vert du plus bel effet, et on passe une vitesse pour les textes : une proposition de réécriture en roman du Tractatus Logicus-Philosophicus de Ludwig Wittgenstein par Bernard Jourin, un roman-photo (Un homme dort sur mon mot, une contrepèterie), La Passion considérée comme course de côte par Alfred Jarry, un inventaire des stations fantômes par Raphaël Meltz, l'onomastique d'un Jacques Barbaut en grande forme, des haïkus du méconnu Georges Friedenkraft... Que du bel et du bien.

Numéro D(I)eux 
Arrivé avec beaucoup de retard, ce numéro devait signer l'avènement d'une réelle écriture collective : l'idée de départ étant de produire une autobiographie à plusieurs, en je. Ça n'a pas marché. Du coup, une face avec des petits bouts d'autobiographie (le magnifique Vie d'adulte, mode d'emploi de Sophie Coiffier ; un extrait de L'Ouverture de la pêche par Jacques Barbaut ; Mes vies d'ordure par Xavier Gélard) et une autre avec des dieux inventés, réinventés, pour susciter de nouvelles hérésies, avec Pacôme Thiellement (le flamboyant auteur de trois essais aux éditions Musica Falsa [Poppermost, sur les Beatles, Économie eskimo, sur Frank Zappa] et à L'Association [Mattt Konture]). Un numéro-charnière, en quelque sorte, aussi beau que les dieux de gravure qui l'ornent, signés Chimène Henriquez et Hélène Rajcak.

Numéro 3rrata
Sur papier satiné, un numéro plein d'illustrateurs et d'auteurs qui récoltent aux quatre coins des livres et de la vie erreurs et coquilles. Julien de Kerviler déboule avec sa drôle d'histoire de Georges, collectionneur d'errata (Délit d'initié) ; Alain Hélissen nous parle d'un quidam qui rata tout, rata rien ; Xavier Gélard occupe à lui seul presque une face avec Réparer/Séparer (la suite d'Oublier/Publier), un drôle de témoignage onirico-autobiographique sur une certaine Anna, femme palindrome. Il faut dire que quand on a 22 ans le 10/02 2001…

Numéro C4rte
le numéro qui se déplie comme une carte routière. 14 illustrateurs ont réalisé un jeu de tarot sur le verso, que 14 auteurs ont éclairé (ou obscurci) de commentaires divinatoires. Sur l'autre face, une belle carte géographique où les villes, les carrefous et les lieux-dits sont des textes. Avec Dominique Meens, Ludovic Debeurme, Pierre Senges, Philippe Vasset, Jacques Barbaut, Pacôme Thiellement, Anne Simon, Sandrine Martin, Chimène Henriquez, Alice Lorenzi, Xavier Garnerin, Emmanuel Lascoux, Gemme Terroni, Julien de Kerviler… Sans doute le plus beau numéro à ce jour, et c'est l'éditeur qui vous le dit.

Numéro 5inge

Numéro Cis6aux

Vert Pastiche

… est consacrée aux pastiches littéraires et graphiques. Mise en page par le talentueux Jonathan Martin et animée par Xavier Garnerin, elle n'en finit pas de proclamer l'avènement du singe dans la vie réelle. Après deux numéros pas mal troussés (des pastiches de Goya pour ponctuer le premier numéro, d'autres de maîtres flamands dans le deuxième), la revue attaque les numéros thématiques à l'aide de son cahier intérieur Chaste Pivert. Premier pastiché (un honneur plutôt qu'une descente en règle) : Marcel Proust. Suivront Jules Verne, Jorge Luis Borges…

http://vertpastiche.free.fr

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